Endettement et crédit: des jeunes acculés à la faillite

Un détail de l'affiche préparée par la Coalition des associations de consommateurs du Québec

De nombreux jeunes de moins de 25 ans sont endettés au point de faire faillite ou de devoir consolider leurs dettes quand ce n'est pas une agence de recouvrement qui les harcèle sans cesse. Dans ces dettes, les forfaits de téléphones cellulaires occupent généralement le premier rang.


Parmi les jeunes rencontrés mercredi matin au Carrefour Jeunesse-emploi Montmorency, plusieurs étaient pris avec des dettes qu'ils ne pouvaient rembourser.

«Je suis pris avec une dette de 900 $ chez Telus, avoue l'un des jeunes. Et j'ai deux cartes de crédit barrées. Je ne paye pas mes dettes, je ne suis plus capable.»



Une jeune femme à ses côtés raconte une histoire semblable. «Je me sens pognée et je ne sais pas quoi faire. Je ne rembourse rien parce que je dois vivre aussi», lance-t-elle. Et un autre jeune homme ajoute que 10 créanciers le talonnent. Il a fait faillite, sans avoir aucune idée sur la façon de s'en sortir.

Les témoignages de ces jeunes adultes illustraient les propos de Nicole Petitclerc, de l'Association coopérative d'économie familiale de Québec, et de Robert Bilodeau, du Groupe de recherche en animation et planification économique. Tous deux notent une augmentation du double des consultations budgétaires de gens croulant sous les dettes, principalement chez les jeunes de moins de 25 ans. Avant, la majorité des consultations étaient demandées par des gens de 30 à 50 ans.

Téléphones cellulaires

«Les dettes les plus courantes chez les jeunes concernent les téléphones cellulaires en premier lieu et les cartes de crédit, affirmaient Mme Petitclerc et M. Bilodeau pendant la conférence de presse sur la campagne de sensibilisation au crédit et à l'endettement "Mordu du crédit". Ce sont des dettes à la consommation dans la majorité des cas avec des effets pervers sur la qualité de vie à cause du stress, de l'insomnie et de l'angoisse.»



Statistiques et sondage à l'appui, les représentants de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ) précisent qu'un Québécois sur cinq et 40 % des jeunes de 14 à 21 ans détiennent une carte de crédit et admettent être incités à dépenser plus que leur budget leur permet.

Même le groupe TD Canada Trust soulignait dans un sondage publié cette semaine qu'un tiers des Québécois achetaient des cadeaux de Noël qu'ils n'ont pas les moyens de payer et qu'un quart financent ces achats avec leur carte de crédit.

Vision à court terme

Selon la CACQ, les jeunes sont baignés dans une société de vision à court terme propice à la surconsommation et au surendettement.

«Je commence toujours mes formations avec les mots "besoin" et "désir", car c'est souvent là que se situe la source du problème», ajoute M. Bilodeau.

Enfin, après sept ans de revendications, la CACQ a obtenu l'assurance du gouvernement que les institutions financières devront resserrer leurs critères d'accès au crédit tout en montrant patte blanche en matière de sollicitation. Une troisième modification de la Loi sur la protection du consommateur qui sera adoptée dans les prochains mois devrait mieux encadrer les pratiques dans ce domaine.



On peut obtenir d'autres informations et les détails du sondage sur les sites

www.cacq.ca et www.danslamargejusquaucou.com/2010

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