Canonisation du frère André: rendez-vous émouvant avec l'histoire

Le pape Benoît XVI prend part à la vaste procession avant la cérémonie. Accrochée à la paroi de la basilique Saint-Pierre, on reconnaît l'icône du frère André ainsi que celles de deux autres des six saints canonisés hier.

Une importante délégation du Canada et du Québec s'était déplacée à Rome pour vivre sur place la canonisation du frère André, deuxième Québécois de souche à devenir saint après Marguerite d'Youville. Quelques minutes après la cérémonie, tous se disaient émus d'avoir vécu l'histoire.


Une véritable marée de pèlerins a déferlé sur la place Saint-Pierre.

«Pour moi, c'est une journée de grande satisfaction. Mais je pense surtout aux Canadiens qui peuvent être fiers de voir que l'un des leurs est maintenant saint», a commenté le dirigeant de la délégation canadienne, le ministre Lawrence Cannon. «Je suis fier de représenter le gouvernement du Canada. Les générations à venir pourront s'inspirer du travail du frère André. Il avait un rêve et il l'a réalisé.»

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Marie Bouillé, la députée d'Iberville, où a grandi le frère André, était touchée. «Notre région est baignée de l'histoire du frère André. C'est émouvant pour moi de représenter les gens de ma circonscription. Les célébrations ont déjà débuté dans la région du Haut-Richelieu et de la Yamaska et se poursuivront parce que les gens sont très fiers», disait-elle.

«Nous avons été habités toute la journée par une grande fierté. Tous les Canadiens et les Québécois doivent être fiers», a indiqué le ministre conservateur Denis Lebel, ajoutant que le frère André a pour lui une signification particulière. «J'ai été directeur général de l'ermitage Saint-Antoine à Lac-Bouchette durant six ans et j'ai eu l'occasion de beaucoup travailler avec les gens de l'oratoire Saint-Joseph.»

«C'est une journée remplie d'émotion et de dévotion. Le frère André nous a tous rassemblés ici et je me sens privilégiée de représenter le Québec», a commenté la ministre Monique Gagnon-Tremblay, encore émue d'avoir serré la main du pape quelques minutes plus tôt.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a été l'un des premiers à précéder les mots frère André de l'adjectif «saint». «Nous devrons nous habituer. Nous sommes ici pour sa reconnaissance universelle. Il était un être profondément humain qui nous a enseigné des valeurs profondes d'amour, de justice et de paix, que nous devons continuer de véhiculer», disait-il.



«Les Canadiens aiment bien les idoles, a pour sa part souligné l'archevêque de Montréal, le cardinal Jean-Claude Turcotte. On a des idoles au hockey, dans la chanson et dans tous les domaines. Le frère André, je souhaite qu'il devienne le Maurice Richard de la religion.»

Le premier ministre Jean Charest a souligné, par communiqué, que la valeur du fondateur de l'oratoire Saint-Joseph résidait «dans sa proximité avec le peuple auquel il a appartenu».

LE CHEMIN D'UN SAINT

1845

Né Alfred Bessette le 8 août à Mont-Saint-Grégoire. Devient orphelin à 12 ans.



1863

Alfred Bessette part travailler aux États-Unis. Bien qu'illettré, il apprend à parler anglais. Il revient en 1867. Il travaille à la terre de son oncle.

1870

Le curé de Saint-Césaire, André Provençal, le recommande à la Congrégation des frères Sainte-Croix. «Je vous envoie un saint», écrit-il dans sa missive. «Si sa santé l'empêche de travailler, il pourra au moins prier». En novembre, les frères de Sainte-Croix l'acceptent temporairement, «pour six mois», en cette

année où saint Joseph est déclaré Patron de l'église universelle. Ils lui donnent le nom de frère André en l'honneur du curé Provençal.

1874



À la suite des pressions de l'archevêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget, le frère André, qui ne sait ni lire ni écrire, est accepté au sein de la congrégation. Il se voit confier la responsabilité de portier du Collège Notre-Dame. Il y demeurera jusqu'en 1909. «À mon arrivée, on m'a montré la porte, et j'y suis resté durant 40 ans», blaguera-t-il plus tard.

1877

Une première guérison est attribuée au frère André, qui a conseillé au frère Aldéric, souffrant d'une importante blessure à une jambe qui nécessitait une amputation, de se frotter avec de l'huile provenant des lampions qui brûlaient devant une statue de saint Joseph. Le lendemain, la blessure est entièrement guérie, et la plaie est sèche. La rumeur d'un «frère guérisseur» se répand. Aucun médecin ne peut expliquer cette guérison. Rapidement, des dizaines, puis des centaines et des milliers de malades, qui ont entendu les rumeurs, vont consulter le frère André au collège. Il prie avec eux, leur remet une médaille de saint Joseph et leur conseille de se frotter avec de l'huile de saint Joseph. Plusieurs, qui affirment en être ressortis guéris, laissent cannes et béquilles sur place. Le frère André attribue toutes ces guérisons à saint Joseph.

1900

Ses supérieurs lui interdisent de recevoir des malades dans le collège.Il se retrouve, comme il dit, «de l'autre côté de la track», à l'arrêt de tramway.

1904

Il entreprend avec quelques amis la construction d'une petite chapelle en face du collège. C'est là qu'il continuera de recevoir les malades. Celle-ci y est toujours. Parallèlement débutent les travaux de construction de l'oratoire, situé à proximité. Ils se poursuivront jusqu'en 1967.

1937



Le 6 janvier, le frère André meurt à 91 ans. Une foule évaluée à un million de personnes défile devant sa dépouille mortelle, durant une semaine, par un temps déchaîné. Les gens viennent de partout, même des États-Unis.

1940

Début des démarches pour que le frère André soit reconnu saint. Deux miracles doivent lui être attribués.

1958

Le New-Yorkais Joseph Audino guérit d'un cancer du foie qui s'était généralisé. La médecine ne peut expliquer cette guérison. Le miracle sera authentifié par l'Église et attribué au frère André.

1960

Le procès en vue de la canonisation du frère André est ouvert par le pape Jean XXIII.

1963



On ouvre son tombeau. Son corps momifié est intact.

1978

Le frère André est déclaré vénérable par le pape Paul VI.

1982

Le frère André Bessette est fait bienheureux par le pape Jean-Paul II.

2009

Un deuxième miracle est attribué au frère André. En 1990, un garçon de 10 ans est heurté par une voiture. Il a subi deux fractures du crâne et une hémorragie cérébrale majeure. Ses proches attendent la fin, lorsqu'au moment même où un membre de la famille demande sa guérison au frère André à l'oratoire Saint-Joseph, l'enfant sort du coma et se rétablit. Aucun médecin ni spécialiste ne peut expliquer cette guérison. En décembre, le pape Benoît XVI reconnaît ce deuxième miracle.