«Pour moi, c'est comme un enfantement, sauf que c'est un saint qui viendra au monde», illustre Mario Lachapelle, vice-postulateur de la cause du frère André, rencontré hier au Vatican. C'est lui qui, depuis plusieurs années, travaille à la cause de la canonisation.
«Je ne suis pas seul», tient-il à préciser. «La cause a commencé en novembre 1940, ça fait 70 ans que des gens y travaillent. Il y a eu neuf postulateurs et autant de vice-postulateurs. Mais ça a valu la peine, puisque dimanche [demain], nous atteindront la plus haute marche.»
«Les pèlerins, les amis du frère André, les associés, les millions de personnes qui ont signé la pétition demandant qu'il soit fait saint, ce sont eux qui sont responsables de ce beau rêve qui deviendra réalité», ajoute le recteur de l'oratoire Saint-Joseph, le père Claude Grou.
Des milliers de personnes attendues demain sur la place Saint-Pierre, 5000 seront venues de partout pour rendre hommage au frère André. De ce nombre, plus de 1500 seront Québécois.
«Je sens une grande fébrilité. C'est très particulier», raconte Jacques Carrier de l'oratoire Saint-Joseph. À Rome, il supervise une équipe de 34 accompagnateurs religieux et laïques dispersés à travers une douzaine d'hôtels où logent des centaines de Québécois.
Parmi eux, Roger Galipeau et sa conjointe Louise, de Saint-Jean-sur-le-Richelieu.
«Nous sommes très touchés d'être ici. Ça m'émeut, d'autant plus que lorsque le frère André est mort, mon père était parmi le million de personnes qui ont défilé devant sa dépouille», raconte Mme Galipeau. «C'est un type du Québec. Son village natal n'est situé qu'à une quinzaine de kilomètres de chez nous. Il a toujours fait partie de notre vie», ajoute son conjoint.
«Nous savons que nous vivrons un événement historique», note Serge Morin de Sherbrooke. «Le frère André n'avait pas de santé, mais il a tant fait.» «Je suis paralysée du côté gauche depuis 17 ans. Je tenais à venir en Italie, parce que je savais que le frère André me donnerait la force nécessaire pour vivre cet événement», ajoute sa femme, Louise Gosselin. «Le frère André était un bâtisseur, un rassembleur. De voir tant de monde ensemble partager la même voie, ça le rendrait extrêmement heureux. De son vivant, il disait que les faveurs obtenues à l'oratoire étaient dues à saint Joseph. Mais après sa mort, bien des gens se sont adressés directement à lui», conclut Mario Lachapelle.