Allocation-logement: un programme d'aide «presque clandestin»

Avec 18 000 $ par année, Anna Bérubé, du secteur de Sainte-Foy, n'a pas droit au soutien du programme Allocation-logement du gouvernement québécois, une aide d'environ 55 $ par mois pour payer le loyer. Ses gains sont pourtant sous le seuil de la pauvreté, s'étonne la dame de 65 ans.


La somme est minime, convient la dame qui témoignait au cours d'une conférence de presse du FRAPRU, un mouvement de défense des locataires. Mais le chèque mensuel permettrait de faire une épicerie de plus, de sortir de son logis. «Plus on a une baisse de revenu, moins on a la possibilité de faire autre chose que de rester à la maison, entre quatre murs.»

Depuis 1997, le seuil d'admissibilité des personnes seules est stable, à 16 500 $ de revenu annuel maximal. Surprenant, puisque le programme se porte bien, lance Véronique Laflamme, organisatrice au Front d'action populaire en réaménagement urbain, le FRAPRU.



La facture pour l'État fond rapidement. Même si les loyers ont grimpé en flèche, avance-t-elle, le programme coûte aujourd'hui 75 millions $, contre plus de 100 millions $ en 1998. Au fil des ans, le nombre de Québécois aidés a donc plongé. «Et ce n'est pas parce que le besoin n'est pas là.»

«Le gouvernement n'en fait plus la promotion du tout, déplore-t-elle. Les gens ne savent même pas que ça existe. Ce programme-là est presque devenu clandestin.» Les plus démunis ne réclameraient donc plus l'allocation.

Une légère indexation de l'Allocation-logement a bien été annoncée, il y a un mois. Le revenu maximal du ménage permettant de toucher l'aide d'environ 55 $ par mois n'a néanmoins pas beaucoup bougé depuis 1997, remarque Véronique Laflamme.

Revenu total de 16 480 $



«Des modifications importantes au programme Allocation-logement ne peuvent pas attendre», insiste à son tour la coordonnatrice du Comité logement d'aide aux locataires, Cheryl Ann Dagenais. La construction d'habitations à loyer modique étant arrêtée, Québec doit bonifier les autres mesures d'appui aux démunis, dit-elle.

«Ce que l'on comprend, c'est qu'il faudrait en faire encore plus... On fait tout ce qu'on peut avec ce qu'on a», rétorque le porte-parole de la Société d'habitation du Québec (SHQ), André Filion. «La SHQ gère le programme. Le barème a été conçu en fonction des fonds disponibles.

«Ce programme a été conçu en 1997 pour les personnes seules de 55 ans et plus et pour les couples avec enfants à faible revenu. Ce sont les personnes les plus vulnérables de notre société. C'est un coup de pouce pour finir le mois et payer le loyer.» D'autres programmes gouvernementaux sont accessibles à ceux qui ne répondent pas aux critères de celui-ci, plaide-t-il. Qui est admissible? La majorité des familles empochant moins de 22 750 $ par année. Les personnes seules de plus de 55 ans et les couples dont l'un des membres a franchi le cap des 55 ans peuvent également recevoir le chèque si leur revenu total ne dépasse pas 16 480 $. Et que reçoit-on? Le maximum est de 80 $ par mois. La moyenne tourne plutôt autour de 55 $ par mois.

Selon données compilées par la SCHL (Société canadienne d'hypothèques et de logement), le tiers des ménages de la grande région de la capitale consacrent plus de 30 % de leurs revenus au logement. Environ 15 % déboursent au moins la moitié de leurs gains pour le loyer. Pire, plus ou moins 6 % de nos concitoyens dilapident plus de 80 % de leurs ressources pécuniaires afin d'avoir un toit au-dessus de la tête.

Pour obtenir des informations supplémentaires au sujet du programme Allocation-logement, vous pouvez joindre la SHQ au 1 800 463-4315. La Société s'affiche également dans le cyberespace à www.habitation.gouv.qc.ca. Votre revenu est très faible est vous voulez vous inscrire? Communiquez d'abord avec Revenu Québec pour obtenir le formulaire Demande d'Allocation-logement : 418 659-6299 ou 1 800 267-6299. Dans un mois, vous pourriez recevoir votre premier chèque.