Trois cyclistes fauchées: une résonance particulière pour le Tour du silence

Le Québec compte environ cinq millions de cyclistes. Chaque année entre 12 et 20 d'entre eux trouvent la mort et environ 2000 sont blessés dans une collision avec un véhicule.

Le sort est parfois bien cruel. Alors qu'ils venaient tout juste de clore leur conférence de presse annonçant le sixième Tour du silence, une activité visant à honorer la mémoire des cyclistes tués sur les routes du Québec, Louis Garneau et Jean-Marie De Koninck ont appris le terrible accident.


«On venait d'annoncer la randonnée et nous voilà plongés dans un superdrame. J'ai beaucoup de misère à travailler aujourd'hui.» L'ex-cycliste d'élite Louis Garneau n'en croyait pas ses oreilles quand les journalistes lui ont annoncé que six amoureux du vélo venaient d'être happés à Rougemont. À n'en pas douter, le Tour du silence, qui se déroulera mercredi, aura cette année une résonance particulière. «On doit se servir de ce drame pour sensibiliser tout le monde. Les automobilistes doivent comprendre que les cyclistes sont extrêmement fragiles. Mais il faut tous être très prudents. Plus que jamais, on a besoin d'avoir une bonne réflexion.»

Même si on ne connaît pas encore les circonstances exactes dans lesquelles s'est produit l'accident, Louis Garneau ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour le conducteur de la camionnette. «La personne qui a frappé les cyclistes vivra sans doute un cauchemar pour le reste de sa vie. Ce doit être impossible à vivre. J'imagine aussi tout le chagrin des cyclistes.»



Le président de la Table de la sécurité routière, Jean-Marie De Koninck, ne se souvient pas d'un drame de cette ampleur touchant des cyclistes au Québec. Il se déso­le que trop d'automobilistes con­tinuent de se comporter comme si la route leur appartenait en exclusivité. «Ce qui me frustre un peu, c'est que beaucoup d'automobilistes ont l'impression que les cyclistes doivent simplement être tolérés sur la route, alors qu'ils y sont de plein droit.»

Rien d'illégal

Selon des témoins, les six cyclistes roulaient à la file indienne en bordure de la route, ajoute M. De Koninck. «Ils ne faisaient rien d'illégal. Là où ils roulaient, l'accotement n'est pas pavé. Ils n'avaient donc pas le choix d'être sur le bord de la route. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus?»

Louis Garneau et Jean-Marie De Koninck prendront la tête du peloton mercredi au départ du PEPS de l'Université Laval quand se mettra en branle le Tour du silence à 18h30. L'an dernier, une centaine de cyclistes avaient participé à cette randonnée d'une douzaine de kilomètres qui se déroule à basse vitesse et dans le silence complet. Cette année, et dans les circonstances, les deux hommes espèrent une participation massive.



«Il y a beaucoup d'émotion dans le silence. On n'entend que les roues du vélo et on a donc tout le temps de réfléchir au danger et aux cyclistes décédés. Je vous jure qu'on en reste marqué», confie M. Garneau.

Le Québec compte environ cinq millions de cyclistes. Chaque année entre 12 et 20 d'entre eux trouvent la mort et environ 2000 sont blessés dans une collision avec un véhicule, expliquent M. De Koninck. «Cette année encore, nous porterons tous un brassard noir en leur mémoire.»