«Hétéro, bi ou gai: tout le monde peut jouer au hockey!»

Environ 150 hétéros, bi et gais ont participé, samedi après-midi à Québec, à la Marche contre l'homophobie.

«Hétéro, bi ou gai: tout le monde peut jouer au hockey!» C'est ce qu'ont scandé les 150 hétéros, bis et gais qui ont participé, samedi après-midi à Québec, à la Marche contre l'homophobie qui se déroulait, cette année, sous le thème du sport. Parmi les autres slogans entendus : «On veut l'égalité sociale! C'est un droit fondamental!» témoignant qu'il reste encore des luttes à mener pour les homosexuels.


Coupes dans l'aide financière des festivals gais, nominations politiques de personnes opposées au mariage gai, montée de la droite fondamentaliste religieuse : plusieurs participants à la marche se sont dits ébranlés par ce que Steve Foster, pdg du Conseil québécois des gais et lesbiennes, a qualifié d'«attaques constantes à la reconnaissance sociale» des homosexuels.

«C'est très effrayant de voir ce qui est en train de se passer. La cause vit un recul, un recul de notre reconnaissance sociale et du respect de nos droits, c'est clair», tranche Jean Ruest, un autre participant à la marche.

La Journée internationale contre l'homophobie (demain) se déroule cette année sous le thème Parler du silence : l'homophobie dans le monde du sport. Un sondage Léger Marketing publié vendredi et réalisé pour le compte de la Fondation Émergence révèle que 78 % des Québécois sont d'accord pour dire que «dans le monde du sport, la question de l'homosexualité est gardée sous silence».

Les participants à la marche ont d'ailleurs hué Vidéotron, qui a retiré les affiches de cette campagne - montrant deux hockeyeurs sur le point de s'embrasser - d'un de ses centres d'appels à Québec.

Douce ironie

«Douce ironie», souligne l'organisateur de l'événement, Olivier Poulin, puisqu'un rassemblement pro-vie se tenait aussi à l'hôtel Château Laurier, avec la participation du cardinal Marc Ouellet, qui s'est prononcé à maintes reprises contre le mariage entre conjoints de même sexe. Dans son communiqué, le congrès Campagne Québec-Vie 2010 invitait «tous ceux et celles qui sont interpellés par les questions éthiques et morales portant sur la famille [mariage, homosexualité] et la vie humaine [avortement, euthanasie]». L'expression a choqué Natasha Morin. «On dirait qu'ils pensent que c'est comme choisir entre le bien et le mal! [L'homosexualité], c'est pas un choix! C'est comme de dire aux personnes de couleur qu'elles ont fait le mauvais choix de naître comme ça!»

Avant le départ, Olivier Poulin a souligné la tenue de ce congrès. «Ils véhiculent des idées assez passéistes : la bonne famille chrétienne et compagnie, alors que l'égalité est dans la Charte des droits!» a-t-il scandé.

La marche a donc marqué une pause symbolique devant l'hôtel Château Laurier, pause pendant laquelle des passages de la Charte des droits et libertés (sur l'interdiction de discriminer à l'égard de l'orientation sexuelle) ont été lus haut et fort.

«On n'est pas supérieurs à eux, on est égaux à eux», a insisté M. Poulin.

Un homme qui circulait près de la marche s'est fait féliciter par le groupe après avoir crié : «Moi, je suis fier d'être aux femmes!»