«Ville de fonctionnaires»: Montréal supplante Québec

Il y a 10 ans, Québec affichait un écart positif de plus de 4000 employés par rapport à Montréal. Mais celui-ci s'est rétréci dans les années 2000 pour s'inverser à la faveur de Montréal en 2008.

Québec devra peut-être céder à Montréal son image de «ville de fonctionnaires». Depuis 2008, la métropole compte davantage d'employés du secteur public que la capitale, révèle une récente étude de la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ).


Mouvement des fonctionnaires provinciaux

Se basant sur les données d'effectifs publiés chaque année par le Conseil du trésor, la CCNQ constate que ministères et organismes provinciaux comptaient 37 401 employés à Québec en 2008. Or, à l'autre bout de la 20, on en dénombrait pour la première fois davantage : 40 102, pour être précis. Dans le reste de la province, les employés de l'État étaient 45 066.

Voilà 10 ans, la capitale affichait pourtant un écart favorable de plus de 4000 employés par rapport à la métropole. Mais celui-ci s'est considérablement rétréci au cours des années 2000 pour s'inverser à la faveur de Montréal en 2008. Les deux villes étaient au coude à coude en 2006. Québec a perdu 2028 employés en deux ans, pendant que sa vis-à-vis en gagnait 1037.

Le nombre de cadres a suivi la tendance. En 2008, Québec comptait 2683 cadres, contre 3355 à Montréal. Pourtant, 101 des 159 ministères et organismes ont leur siège social à Québec, contre 46 dans la métropole et 12 en régions.

«Certains ministères et organismes, comme le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, le ministère de la Sécurité publique, le ministère du Revenu, Hydro-Québec et la Commission de la construction du Québec ont réuni une partie importante de leur personnel d'encadrement sur le territoire de Montréal», souligne le rapport.

Pour expliquer ce changement dans le poids de la fonction publique, la CCNQ montre du doigt «la politique d'attrition des ministères et des organismes mise en place en 2004 et ayant pour objectif la réduction de la taille de la fonction publique de 20 % en 2014». Or, celle-ci touche essentiellement les ministères. Et comme ceux-ci sont principalement basés à Québec, la capitale est la première à en souffrir. La métropole abrite plutôt des organismes publics largement épargnés par la réduction des postes.

En témoignent les données du Conseil du trésor. Pendant que les ministères ont connu une faible progression (6 %) de leurs effectifs entre 1998 et 2008, les organismes provinciaux connaissaient une véritable explosion (40 %). En fait, les ministères ont même vu leurs effectifs réduire entre 2006 et 2008, passant de 54 104 fonctionnaires à 50 514. À l'inverse, les organismes publics ont continué à croître durant cette période.

Inquiétude à Québec

Alors que l'activité gouvernementale est décrite comme «l'une des bases économiques» de Québec, la Ville semble d'ailleurs s'inquiéter de ces données. Dans un récent rapport municipal, on souligne que «dans les prochaines années, il faudra s'assurer que l'exercice d'attrition des effectifs entrepris par le gouvernement en 2004 ne se fasse pas au seul détriment de la capitale».

Surtout que «sur le plan du développement territorial, le gouvernement n'a pas intérêt à affaiblir la capitale. Le réseau urbain du Québec est déjà largement dominé par Montréal. Dans l'optique d'une saine répartition de l'activité économique sur le territoire, le gouvernement doit veiller à ce que la capitale demeure forte».