La lutte des femmes prend la rue

Une vingtaine de membres du groupe les Révolutionnaires orange féministes ont perturbé la circulation, hier après-midi, au coin de la rue Dorchester et du boulevard Charest, à Québec.

Près de 300 femmes et une poignée d'hommes ont pris d'assaut les rues de la Basse-Ville de Québec, lundi soir, pour dénoncer haut et fort les injustices commises envers les femmes à l'occasion de la 100e Journée internationale des femmes.


À l'initiative de la Coalition régionale de la Marche mondiale des femmes, les manifestantes ont arpenté les artères de Saint-Sauveur et de Saint-Roch, des quartiers symboliques pour la lutte contre la pauvreté.

Dans une ambiance festive et colorée, elles ont paradé au son des quelques discrets klaxons d'encouragement des automobilistes et des slogans revendicateurs. Une myriade de refrains entraînants de tout acabit, qui



en ont même décontenancé quelques-uns dans la foule. «Est-ce que je suis bien dans la Marche des femmes? Pourquoi est-ce qu'ils parlent juste de l'armée et du français?» s'est ainsi demandé Steve, un peu confus devant le côté éclaté du rassemblement.

C'est qu'une bonne partie de la manifestation a mis l'accent sur le retrait des troupes en Afghanistan... et sur l'enseignement en français dans nos écoles. «Quand on y pense, les femmes ont peu de droits en Afghanistan ou encore en Arabie Saoudite, et il faut dénoncer ça», a toutefois laissé tomber sa copine, Marie.

Steve et Marie auraient souhaité une participation plus massive au ralliement hivernal. «Je m'attendais à ce qu'il y ait beaucoup plus de monde», s'est désolé Steve.

Rues fermées



La police n'avait quant à elle pas fermé certaines rues à la circulation, et les voitures roulant à pleine vitesse ont ainsi côtoyé la vague de manifestants dans le boulevard Charest. Les forces de l'ordre ont par ailleurs demandé aux citoyens présents de se masser sur les trottoirs à quelques occasions afin de ne pas nuire au flot d'automobiles.

Malgré les contraintes, plusieurs femmes n'ont pas hésité à prendre le micro pour porter leur message. Christiane a rappelé à tous l'importance d'améliorer l'autonomie économique des femmes. «Les emplois précaires sont occupés majoritairement par des femmes, et il faut augmenter le salaire minimum et abolir la division et la catégorisation dans l'aide sociale.»

Coups d'éclat orangés

Plus tôt en après-midi, les Révolutionnaires orange féministes avaient opté pour les coups d'éclat plutôt que les marches solidaires. Toutes vêtues en orange, une vingtaine de femmes ont «perturbé» la circulation au coin de Dorchester et de Charest. Une bien mince perturbation, les révolutionnaires ayant choisi de sortir pancartes et slogans seulement lors des feux piétonniers. «Notre ville se vante d'être une des plus belles au Canada, mais ce n'est pas normal qu'on ait encore tant de pauvreté dans nos quartiers», a indiqué Lina Roy, porte-parole de la démonstration.

Devant le regard des conducteurs immobilisés, les militantes orangées ont mimé en plein carrefour la violence quotidienne subie par les femmes, reproduisant gestes et attaques inacceptables. Beaucoup de témoins ont apprécié le jeu et l'audace, soutenant généreusement la cause à coups de klaxon. D'autres automobilistes ont quant à eux préféré brûler le feu rouge, évitant de justesse les piétonnes préparant leur numéro.

Au final, un agent de la police de la ville de Québec a dû faire un rappel à l'ordre. Il avait reçu des plaintes... de piétons, dont l'accès aux trottoirs aurait été limité.