La quasi-totalité des magasins de Concepcion, la deuxième ville du pays, ont été dévalisés, saccagés, certains ont même été incendiés, avant que les patrouilles de quelque 1500 soldats chargés de faire appliquer le couvre-feu de 20h à 12h ne mettent fin aux pillages.
La présidente Michelle Bachelet a déclaré que des avions transportant des tonnes d'aide de première urgence (vivres, eau, équipement) étaient partis pour Concepcion, où de nombreux quartiers sont également privés d'électricité.
Mme Bachelet a par ailleurs reçu mardi à Santiago la secrétaire d'État (Affaires étrangères) américaine Hillary Rodham Clinton, qui a apporté une vingtaine de téléphones satellite et était accompagnée par un technicien des télécommunications. Elle a promis que les États-Unis allaient envoyer davantage d'aide.
L'ONU a annoncé lundi soir l'envoi de 45 téléphones satellite pour permettre une meilleure coordination des secours, tandis que l'Argentine, le Brésil et le Pérou préparaient de nouveaux avions-cargo transportant des couvertures, tentes, stations de purification d'eau, des générateurs électriques, des hôpitaux de campagne et des médecins.
À Concepcion, les recherches ont repris mardi dans les décombres d'un immeuble de 70 logements dont 25 rescapés et neuf cadavres ont déjà été retirés.
Le tremblement de terre de magnitude 8,8 a fait au moins 723 morts mais le bilan devrait s'alourdir à mesure que les communications sont rétablies avec des villages isolés.
Le ministre chilien de la Défense a reconnu que la marine avait commis une erreur en ne donnant pas l'alerte au tsunami sur la côte immédiatement après la secousse, car les autorités portuaires qui l'ont fait dans plusieurs villes côtières ont sauvé des centaines de vies.
Ainsi dans le village de Dichato, ce sont des adolescents qui buvaient sur la plage qui ont donné l'alerte en voyant l'eau se retirer une heure après le séisme. La police les a relayés, puis la mer est revenue et les eaux ont atteint le premier étage des habitations. «La radio maritime avait dit qu'il n'y aurait pas de tsunami», critique un villageois, Rogilio Reyes. Le maire, Eduardo Aguilera, fait état de 49 personnes portées disparues et 800 logements détruits.
Dans la ville de Talcahuano, près de 80% des 180 000 habitants se retrouvent sans abri, et 10 000 logements sont inhabitables, en plus des centaines d'autres détruits, selon le maire Gaston Saavedra.
Pire que ce que les médias ont rapporté
Les informations véhiculées dans les médias ne rendraient pas justice à la désolation qui règne au Chili depuis qu'un séisme extrêmement puissant l'a frappé, samedi.
C'est ce que pense entre autres la directrice du Centre pour femmes immigrantes de Sherbrooke, Teresa Bassaletti, originaire de Concepcion. Cette ville chilienne a été l'un des endroits les plus durement touchés par le tremblement de terre, par ses répliques et par un tsunami si fort qu'un bateau s'est retrouvé au beau milieu d'une rue, par exemple.
Les nerfs à vif, Mme Bassaletti a souligné en entrevue que les journalistes du monde entier mettent beaucoup l'accent sur la situation dans la capitale, Santiago, qui a été relativement épargnée, tandis qu'ils ont quelque peu négligé Concepcion, la plus grande des villes situées près de l'épicentre du séisme de magnitude 8,8. De plus, de nombreux petits villages de la région étaient loin d'être aussi bien préparés qu'on ne l'a laissé entendre, d'après elle.
Mme Bassaletti a d'ailleurs dit croire qu'on a trop insisté sur le fait que le Chili était mieux préparé qu'Haïti pour faire face à une telle catastrophe naturelle. Elle a reconnu que c'était le cas en bonne partie, mais pas au point de pouvoir se relever facilement. Elle craint que cette fausse perception ne prive la population chilienne d'une partie de l'aide dont elle a besoin.
Avec la Presse Canadienne