Vingt conducteurs de déneigeuse venus de sept pays se sont mesurés mercredi, à la baie de Beauport, dans cette compétition organisée pour le Congrès de la viabilité hivernale. Français, Américains, Suédois, Andorrans, Coréens et Marocains ont livré une chaude lutte aux «locaux», qui avaient tout de même l'avantage du camion.
Haddou Kerrou a beau venir du Maroc, il ne se sentait pas du tout dépaysé par la neige, puisqu'il en tombe chaque hiver dans les régions montagneuses au nord de son pays. Le camion automatique, c'est autre chose...
«On a eu une heure pour se familiariser, ce n'est pas beaucoup», a-t-il confié.
«Ce concours, c'est une reconnaissance pour notre personnel et le travail extraordinaire qu'il fait, même si on n'a pas les mêmes moyens que vous», observait Mohamed Allal, directeur de l'équipement pour la province marocaine d'Al Hoceima.
En plus de la neige, les Marocains doivent en plus affronter un autre ennemi : le sable. On se sert de chargeuses pour déplacer une dune qui bloque la route, mais on peut aussi creuser une tranchée et laisser le vent faire le reste. Après tout, explique M. Allal, c'est lui qui a déplacé la dune...
Plus d'une centaine de congressistes s'étaient déplacés à Beauport pour encourager les leurs. Les Sud-Coréens, en particulier, qui brandissaient leur drapeau au passage de leur pilote.
Les Français se tiennent
Thierry Milot, qui déneige les routes des Pyrénées sur la côte atlantique, et Christophe Thifagne, qui fait le même travail en Normandie, avaient été éliminés au premier tour, mais ils étaient toujours là pour le parcours de leur pote, Charles Calvet, qui ne lésinait pas sur le klaxon pendant le deuxième tour.
Ces trois-là ont été choisis parmi 23 camionneurs français qui voulaient participer à cette compétition. «On n'est plus dans la course, vous êtes trop forts, les Québécois», lançait à la blague Thierry Milot. «Et puis on est plus habitués à la benne frontale, on ne connaît pas beaucoup la pelle de côté...»
Christophe Thifagne, lui, travaille près de Paris, et des Parisiens. «Les gens sont plutôt speed chez nous et ils voudraient que la route soit déneigée avant qu'ils sortent.»
C'est Mario Bergeron, directeur régional pour le ministère des Transports dans l'Est-du-Québec, qui a eu l'idée de cette compétition voilà une vingtaine d'années. «Il se faisait déjà des rodéos de camions lourds, et comme je travaillais dans le déneigement, je trouvais que c'était une bonne façon de valoriser le travail de nos camionneurs, qui travaillent souvent la nuit, seuls sur la route.»
Pas de place à l'erreur
La compétition ne laisse pas de place à l'erreur. «On simule des opérations de déneigement avec du sable et il y a des obstacles dont il faut s'approcher le plus possible. Plus on est près et plus on amasse de points, mais si on touche l'obstacle, on perd tout. Il faut calculer le risque.»
Les organisateurs du Congrès de la viabilité hivernale l'ont invité à organiser cette compétition, qui était jusqu'ici un événement purement québécois. L'expérience a plu aux congressistes, constate M. Bergeron, et il est question d'en organiser une autre lors du prochain congrès, en 2014, dans la principauté d'Andorre, au coeur des Pyrénées.
«S'il y a une compétition à Andorre, vous pouvez être assuré qu'on va tout faire pour y être et faire valoir notre savoir.»