«M. Francoeur a fait un travail bâclé à partir d'une étude préliminaire qui date de trois ans. S'il avait attendu d'avoir toutes les informations, ce que notre directeur général avait promis de lui fournir, son article aurait été différent», dit M. Lagacé. Le journaliste a obtenu une copie d'une étude de faisabilité réalisée en 2007 par Collectivités écologiques du Bas-Saint-Laurent, partenaire de la MRC au projet. Celle-ci stipule que le compostage à ciel ouvert aurait requis un coût de traitement des matières de beaucoup inférieur au digesteur anaérobie retenu pour ce projet environnemental. Le digesteur se situait aussi en dernière place des scénarios proposés.
«Le digesteur est passé de la dernière à la première place parce que nous avons continué notre travail, tout simplement. Oui, la méthanisation était la solution la plus coûteuse, mais c'était aussi la seule envisageable en regard de la nature des matières à traiter», poursuit le préfet, expliquant qu'au départ, son groupe s'était beaucoup attardé aux matières putrescibles végétales et moins aux boues municipales.
«Nous avons ensuite constaté que sur notre territoire, les matières putrescibles animales sont présentes en très grande quantité dans les boues municipales. Pour des raisons évidentes, il est devenu impensable d'adopter un projet de compostage à ciel ouvert. Les odeurs auraient été insupportables. La seule technologie qui permettrait d'atteindre des objectifs environnementaux intéressants et avait un bon potentiel de développement économique, c'était la méthanisation.»
Justification des coûts
M. Lagacé dit aussi pouvoir expliquer facilement l'augmentation des coûts de construction, qui sont passés de 3 à près de 15 millions $. «Au départ, il y avait méthanisation sans épuration des gaz [2,2 millions $], qui permet de servir de combustible aux véhicules. Se sont aussi ajoutés l'achat des bacs [1 million $], la conversion des véhicules au biométhane [900 000 $], la distribution au gaz aux équipements fixes ou mobiles [2,5 millions $] et autres. [...] Nous gérons de l'argent public. Jamais nous n'aurions choisi une solution plus dispendieuse sans raison. Nous voulons devenir une vitrine technologique pour le Québec et l'Amérique du Nord, et je vous confirme que plusieurs MRC prendront exemple sur nous», conclut le préfet, amer par rapport à l'article du Devoir.
«Les journalistes de la presse nationale étaient à la conférence de presse mardi. Au lieu de poser des questions sur les perspectives de développement de ce projet exceptionnel, ils ont parlé de terrorisme et de Copenhague. M. Francoeur a voulu faire du sensationnalisme de bas étage. [...] Nous n'acceptons pas qu'un journaliste de Montréal vienne nous faire la leçon et dire que les régionaux ne sont pas capables de s'administrer. Qu'il commence par faire son propre travail correctement.»
Le projet de méthanisation consiste à construire une usine de méthanisation des déchets domestiques au coût de 14,7 millions $. Celle-ci traitera annuellement environ 18 000 tonnes métriques de résidus organiques et produira 1,4 million de mètres cubes de biométhane épuré.