Il est vrai que dans les pays industrialisés, la plaie, c'est le transport. Au Québec, les automobiles, les camions, les avions et même les tracteurs contribuent pour plus de 40 % des GES.
L'agriculture génère quant à elle 7,5 % des émissions de la province si on fait abstraction des dépenses d'énergie à la ferme. Il faut tenir pour responsable la digestion des ruminants, qui produit du méthane, un gaz 23 fois plus dommageable que le dioxyde de carbone. Les fumiers, eux aussi bourrés de méthane, et les fertilisants contribuent aussi à l'effet de serre. À lui seul, le trop utilisé protoxyde d'azote est 310 fois plus polluant que le CO2!
Les efforts de réduction des GES d'origine agricole commencent à peine au Québec. Comme tout le monde n'en avait que pour l'eau il n'y a pas si longtemps, les agriculteurs sont déjà sensibilisés aux pratiques culturales respectueuses de l'environnement. L'expérience montre qu'ils les adoptent surtout si elles leur procurent des bénéfices marginaux. Pensons aux semis directs (sans labours), qui divisent par quatre les sorties de machineries, à l'aménagement de bandes riveraines, qui diminue l'érosion et la pollution diffuse, ou encore à une meilleure alimentation des ruminants, qui grossissent mieux tout en pétant et en rotant moins.
Le vent pourrait toutefois tourner si des cibles précises sont fixées au sortir de Copenhague et si les gouvernements mettent en place des programmes d'aide pour accompagner les agriculteurs, qui ne veulent pas financer seuls la réhabilitation de la planète. Ces derniers sont particulièrement intéressés par l'efficacité énergétique, qui fait cruellement défaut dans plusieurs bâtiments agricoles. La production d'énergie à partir des fosses à fumier fait aussi rêver, mais elle commande des investissements de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Peu d'agriculteurs en ont les moyens, même en bénéficiant de subventions.
Dans les régions plus pauvres du globe, c'est davantage du côté de la terre qu'il faut regarder, dit la FAO. L'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation évalue à six gigatonnes (ou six milliards de tonnes) la réduction potentielle des GES d'origine agricole, qui comptent pour 14 % du bilan mondial. En additionnant toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution des aliments, c'est environ 50 % des émissions de toute la planète qui se retrouvent dans notre assiette.
Les experts de la FAO font un lien direct entre la lutte contre le changement climatique et la sécurité alimentaire. Dans un rapport publié la semaine dernière en prévision du sommet de Copenhague, ils plaident qu'en diminuant au minimum le travail de la terre et en améliorant la qualité des sols dans les pays en développement, il y a moyen d'emprisonner de bonnes quantités de carbone et d'augmenter de façon importante les rendements agricoles. Ils se dépêchent également de rappeler qu'il faudra bonifier de 70 % la production alimentaire de la planète d'ici 2050 - c'est-à-dire après-demain - pour nourrir 2,3 milliards de personnes supplémentaires. Il y a donc urgence de rendre les sols plus productifs.
L'atteinte de cet objectif aurait d'ailleurs comme avantage de réduire la pression sur les forêts, qualifiées de poumons de la planète. La quête de nouvelles terres pour les cultures et l'élevage est la cause numéro un de la déforestation ambiante. Environ 13 millions d'hectares de forêt, soit l'équivalent du territoire de la Grèce, disparaissent chaque année sur le globe, libérant autant de CO2 que les États-Unis au grand complet!
La dernière façon de réduire les GES d'origine agricole appartient aux consommateurs qui, par leurs choix alimentaires, ont une influence sur ce qui se passe dans les champs et dans les parlements. Les groupes environnementaux l'ont bien compris et militent en faveur de l'achat local, de l'agriculture biologique et d'une baisse de la consommation de viande. Si tout le monde parle assez fort, les dirigeants politiques détourneront peut-être les yeux des cheminées d'usines et des ours polaires pour regarder dans leur assiette.
Puits de carbone naturels
Les sols, les plantes et les arbres, tout comme les océans, sont des puits de carbone naturels. Ils captent le méchant CO2 et l'emprisonnent. Pour qu'ils jouent pleinement leur rôle, il faut donc éviter de trop les remuer. D'où la mise au ban des labours, le recours accru aux cultures pérennes et l'importance d'une bonne gestion des pâturages. Comme un sol riche capture davantage de carbone, la récupération des résidus agricoles, sous forme de compost ou de paillis, est aussi fortement encouragée.
Pause Kit Kat équitable
Nestlé lancera sous peu une version équitable de la célèbre Kit Kat. Elle sera en vente dès janvier en Grande-Bretagne, d'où elle est originaire et où elle représente encore le quart des ventes de friandises du géant suisse de l'agroalimentaire. C'est le cacao qui sera certifié et donc les agriculteurs qui seront mieux payés. Nestlé copie en cela sa rivale Cadbury, qui offre une Dairy Milk équitable depuis quelques mois en Angleterre et en Irlande et étendra son initiative au Canada dès le printemps. Nestlé n'a toutefois pas l'intention de faire certifier la Kit Kat, qui se vend dans plus de 70 pays et lui rapporte plus de deux milliards de dollars, dans ses autres marchés. Plusieurs observateurs accusent la multinationale d'utiliser du chocolat équitable simplement pour rafraîchir son image. Partout sur la planète, des groupes de défense des droits humains l'accusent d'avoir employé des enfants et d'avoir exploité les travailleurs des plantations de cacao d'Afrique de l'Ouest.
Logo bio au ballottage
Ça ne nous concerne pas vraiment. N'empêche, il est possible de voter en ligne pour le futur logo biologique de l'Union européenne. Celui-ci sera obligatoire dès juillet 2010 pour tous les produits biologiques préemballés provenant des 27 États membres, qui viennent d'harmoniser leurs normes. Les trois logos finalistes ont été créés par des étudiants en dessin ou en art et présélectionnés par un jury. Le gagnant sera choisi par les internautes au cours des prochaines semaines. Au Canada, l'adoption du logo Bio Canada a causé bien des remous en raison de l'utilisation de la feuille d'érable, qui pourra être apposée sur des aliments produits à l'extérieur du pays. Les producteurs bios canadiens craignent que cela entraîne de la confusion chez les consommateurs. Plusieurs sont soucieux de la provenance de ce qu'ils mangent, mais pas toujours enclins à multiplier les vérifications. Pour fouiner ou même voter: http://ec.europa.eu/ agriculture/organic/logo/competition/competition_fr.htm
Pizza napolitaine protégée
Les pays européens ont accepté cette semaine d'attribuer le statut de «spécialité traditionnelle garantie» (STG) à la pizza napolitaine, contraignant les fabricants à respecter un strict cahier des charges pour se prévaloir de ce label, a annoncé la Commission européenne. Cette décision n'interdit pas aux fabricants d'utiliser l'appellation «pizza napolitaine» pour leurs créations, mais ils ne pourront pas se prévaloir du signe d'identification STG ni du logo. Des contrôles sont prévus pour vérifier le respect du mode de fabrication de cette spécialité, qui serait née entre 1715 et 1725. Le cahier des charges décrit le produit, sa consistance, sa couleur, les matières premières, les caractéristiques de la farine, la préparation de la pâte, son levage, son fromage, sa garniture et son mode d'assaisonnement, son mode de cuisson, l'obligation de la cuire dans un feu à bois et sa consommation qui doit être immédiate, dès qu'elle sort du four. Ouf! Pas question, donc, de pizza napoletana congelée.
Avec AFP