Le déclin démographique de l'Est freiné

Le fort déclin démographique appréhendé pour l'Est-du-Québec semble en grande partie freiné. Et ce, ironiquement, grâce à la fois au vieillissement de la population et au mini-boum de naissances observé à la grandeur de la province.


Au début des années 2000, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) craignait le pire pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Selon ses pronostics, les deux régions devaient perdre respectivement 9,9 % et 18,3 % de leur population.

Mais les plus récentes projections basées sur le recensement de 2006 pointent vers une embellie. Désormais, les démographes leur prédisent d'ici 2031 une faible décroissance. À peine 1,3 %.

«Le solde migratoire s'est amélioré ces cinq dernières années dans l'ensemble des régions plus éloignées», explique le démographe Frédéric F. Payeur. C'est que, si les jeunes continuent à quitter leur région natale, de plus en plus de gens décident de revenir au moment de prendre leur retraite.

Ainsi, après avoir vu 1698 personnes partir au tournant des années 2000, le Bas-Saint-Laurent en a perdu seulement 298 l'an dernier. L'ISQ prédit même que la région pourrait gagner des résidants vers 2014.

Le frein au déclin n'est toutefois pas uniforme. Ainsi, Rivière-du-Loup et Rimouski-Neigette devraient même connaître une croissance d'ici 2031, affichant respectivement une hausse de 8,4 % et 2,5 % de leur population.

Outre La Mitis, qui devrait maintenir un certain équilibre, les autres secteurs de la région verront toutefois leur population fondre. Le déclin est particulièrement marqué pour Les Basques (- 11,6 %) et Témiscouata (- 11 %).

Les Basques - qui détient déjà le record de la MRC la plus vieille - devrait continuer à vieillir plus rapidement que le reste de la province. Elle ajoutera près de 14 ans à son âge moyen pour atteindre 61,6 ans. Aucune autre région du Québec promet de dépasser le cap de la soixantaine.

Plus à l'est, la Gaspésie aussi devrait bientôt afficher un solde migratoire positif. Et ce, dès 2013. Après avoir perdu 1682 habitants en 2000, seulement 196 personnes en sont parties l'an dernier. Son solde migratoire devrait même devenir positif dès 2013.

De son côté, la population de la Gaspésie connaîtra une croissance principalement sur la pointe sud, dans Avignon, qui regroupe entre autres Carleton-sur-Mer et Maria. Ce secteur conservera d'ailleurs le titre de la région la plus jeune de Gaspésie, avec une moyenne d'âge de 52,3 ans.

Ailleurs, c'est toutefois une décroissance qui attend les autres municipalités. Le Rocher-Percé devrait ainsi perdre 1500 habitants (- 8 %), tandis que la Côte-de-Gaspé en perdra 1400 (- 7,7 %).

De leur côté, les Îles-de-la-Madeleine connaîtront une croissance modeste, gagnant 460 habitants.

La Côte-Nord

La «sortie» de crise est toutefois moins réussie sur la Côte-Nord. Si les scénarios sont plus optimistes qu'au début du siècle, la région devrait néanmoins connaître le plus fort recul de population au Québec (- 11,6 %). Si elle a amélioré son solde migratoire depuis 2000, il reste que la région a perdu pas moins de 907 habitants l'an dernier.

La baisse de population sera particulièrement marquée en Basse-Côte-Nord (- 20 %), à Manicouagan (- 19,5 %) et en Haute-Côte-Nord (- 18,4 %). Seule la Minganie, qui compte 6400 habitants, connaîtra un certain équilibre.