Le directeur général du Conseil, Paul Brunet, estime que si plus de gens recevaient tous les soins nécessaires, en quantité et en qualité, la tenue d'une telle consultation serait peut-être moins pressante.
«Si nous commencions à offrir véritablement des soins à tout le monde en fin de vie, peut-être que le débat sera moins percutant», affirme M. Brunet.
Selon lui, une partie des personnes qui réclament le droit à l'euthanasie, sont en fait des gens seuls, qui vivent des journées entières dans des centres d'hébergement. Des personnes sans famille, qui souffrent du matin au soir et qui se retrouvent isolées.
«Qui s'est plaint et réclame le droit de mourir? Ceux qui ont des maladies épouvantables, qui ne reçoivent pas tous les soins et dont la famille ne vient plus les voir. Ceux-là me disent: voudrais-tu m'amener sur le pont Jacques-Cartier», clame le directeur du conseil.
Valeurs chrétiennes
Le Conseil de la protection des malades, fondé par Claude Brunet dans les années 1970, a été mis sur pied et animé par des valeurs chrétiennes. Ce débat sur l'euthanasie n'est donc ni un souhait ni une demande de cet organisme qui milite pour le respect des droits humains, parfois lésés, dans certains établissements de santé au Québec.
Cela dit, puisque le débat doit se tenir, le directeur général se dit prêt à mettre de côté l'héritage religieux qui a guidé ses luttes jusqu'ici pour faire en sorte de discuter de la question sans hypocrisie.
«Vous voulez le faire le débat, nous ne l'avons pas souhaité, mais mettez de côté la fausse pudeur et faites le ce débat», insiste Paul Brunet.
Imminence de la mort
Il s'en prend d'ailleurs à tous ceux qui tentent de nuancer le débat à outrance et de vouloir faire de la sémantique. À son avis, la définition de l'euthanasie consiste à mettre un terme à la vie d'une personne qui souffre trop. Ce cadre devra être accessible à tous ceux qui rencontreront les conditions, peu importe que leur mort soit imminente ou non.
«Cette disposition devra être accessible à tous ceux qui ont une maladie mortelle, qui n'ont pas d'ami oncologue, qui sont tannés de souffrir, de ne pas recevoir des soins, qui ne sont pas riches, mais qui ont aussi le droit de mourir dignement», affirme M. Brunet.
Une personne affligée d'une maladie mortelle devrait avoir le droit de mourir elle aussi. Il soutient que ce n'est pas l'imminence de la mort, en matière de jours ou de semaines, qui doit primer. Paul Brunet soutient que le débat sur le droit de mourir dignement, doit ouvrir toutes les portes et non seulement essayer de discuter sans trop déranger la «bonne conscience».
Paul Brunet répète que sa principale conviction tient au fait que les personnes qui ont besoin de soins de santé au crépuscule de leur vie doivent pouvoir les recevoir pour continuer de vivre, sans égard à leur condition sociale.
Il conclut que toute personne a droit de vivre dignement et doit pouvoir mourir de la même manière. Actuellement, tous n'ont pas cette chance.