Pour des limites de vitesse à la baisse en ville

Selon le président de la Table québécoise de la sécurité routière, Jean-Marie De Koninck, les municipalités québécoises devraient suivre la tendance mondiale et abaisser leurs limites de vitesse.

La Table québécoise de la sécurité routière recommande aux municipalités de revoir les limites de vitesse en ville et de faire une meilleure place aux vélos et aux piétons.


En dévoilant son rapport, lundi, le président de la Table, Jean-Marie De Koninck, a souligné que les limites de vitesse étaient à la baisse au Québec et partout dans le monde, laissant entendre que les municipalités québécoises se devaient de suivre cette tendance. «Les citoyens sont de plus en plus exigeants, a-t-il dit. Ils demandent qu'on baisse les limites de vitesse de 50 à 40, à 30 [km/h]. Ils veulent se réapproprier leur quartier, leur rue, faire du vélo, marcher en sécurité, ne pas avoir peur des voitures qui circulent à très grande vitesse.»

Si un piéton se fait frapper à 30 km/h, la probabilité qu'il décède est de 10 %, mais elle grimpe à 75 % lorsque le véhicule atteint 50 km/h, a souligné M. De Koninck. À 80 km/h, un piéton n'a aucune chance de survie.



La Table a donc recommandé aux municipalités, qui ont autorité dans ce domaine depuis 2007, de fixer un «cadre global de gestion des limites de vitesse». Mais pour suggérer un cadre idéal, elle devra attendre les conclusions d'une équipe de chercheurs de l'Université de Sherbrooke dont elle a demandé l'expertise, indique M. De Koninck.

Sans dos d'âne

Selon les chiffres fournis par la Table, plus de la moitié des accidents avec blessés au Québec se produisent dans des zones de 60 km/h et moins. Pour autant, a expliqué Jean-Marie De Koninck, il ne suffit pas d'abaisser toutes les limites de vitesse et de mettre des arrêts à tous les coins de rue.

Il ne s'agit pas non plus d'ajouter des dos d'âne partout où le réclament les citoyens. «Les véhicules d'urgence détestent les dos d'âne, a expliqué le président de la Table. Les pompiers et les ambulanciers ne veulent pas être pris à frapper des dos d'âne. Alors, ce n'est pas la meilleure solution.»



À Québec, même s'il a dénoncé les automobilistes qui roulent «comme sur des pistes de course» dans les quartiers à la tête des ponts, le maire Régis Labeaume a jusqu'à maintenant refusé de se prononcer sur une éventuelle diminution des limites de vitesse, préférant attendre les recommandations de la Table québécoise de la sécurité routière. Il n'a pas été possible d'avoir sa réaction, lundi, ni celle du directeur des Transports de Québec, Marc Des Rivières, qui faisait partie des leaders de la Table.

Place aux vélos

Pour diminuer les accidents, la Table québécoise de la sécurité routière recommande également d'aménager les rues pour laisser plus de place aux cyclistes et aux piétons. «Les infrastructures n'ont pas été faites pour les piétons et les cyclistes, a rappelé Jean-Marie De Koninck. Elles ont été construites dans les années 50-60 et c'était l'automobiliste qui était roi. [...] Il reste beaucoup de travail à faire de ce côté-là.»

À son avis, le gouvernement du Québec devrait s'inspirer de ceux de la France et de la Belgique, qui ont développé un «code de la rue» prévoyant notamment l'aménagement de pistes cyclables à double sens dans les zones de 30 km/h et de «zones de rencontre» à moins de 20 km/h où les piétons ont la priorité.

Jean-Marie De Koninck a aussi cité en exemple le projet de «rue partagée», prévu à Québec en 2010, qui ferait de la rue Sainte-Claire, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, une rue où à la fois les piétons, les cyclistes et les automobilistes peuvent circuler au milieu de la chaussée.