Le vrai roi de la patate

En dépit de la crise économique, plusieurs entreprises ont réussi à traverser cette période et même à soutenir leur croissance. Quelles ont été les stratégies adoptées, les objectifs visés et comment leurs dirigeants voient-ils l'avenir? Pour les prochaines semaines, Le Soleil vous propose une série d'articles à lire le lundi.


Autosuffisance, diversification, offre de produits de qualité à l'année et adaptation aux besoins du client : la recette du succès tient à une combinaison de facteurs chez Patates Dolbec. Pour contribuer à la réussite du plus gros producteur de pommes de terre au Québec, il y a aussi des employés fidèles... et un pdg qui ose. Comme quoi le véritable «roi de la patate» n'est peut-être pas celui que vous croyez...Ce n'est pas d'hier que la pomme de terre est cultivée chez les Dolbec. Il y a plusieurs décennies, à Saint-Ubalde, dans Portneuf, Adrien s'y employait déjà. Mais c'est au moment où son fils Herman achète la plantation de 10 acres, en 1967, que les bases de l'entreprise que l'on connaît aujourd'hui sont réellement jetées.«On lui doit d'avoir été parmi les premiers au Québec à laver et à emballer les pommes de terre, puis d'avoir permis à l'exploitation de prendre de l'expansion par l'achat de nouvelles terres et la construction d'un entrepôt», raconte Stephan Dolbec, à la tête de l'entreprise familiale depuis la mort de son père, en 1994. «Patates Dolbec est donc née des idées novatrices d'Herman et a grandi grâce à son goût de relever des défis.»Varier l'offreS'il a amorcé son parcours il y a 21 ans dans les champs, les deux mains dans la terre, Stephan a indéniablement su poursuivre l'oeuvre de celui qui l'a précédé. En 2009, le Portneuvois de 38 ans se trouve actionnaire majoritaire de quatre entreprises - Patates Dolbec, Légubec, Bovibec et Couac - qui fournissent de l'emploi à plus de 200 personnes.«L'une de mes stratégies consiste à faire de l'intégration, indique l'homme d'affaires. En 1995, je fondais Légubec dans le but de transformer une partie de la production. La pomme de terre irrégulière qui ne peut être vendue telle quelle est alors offerte aux grossistes en alimentation sous forme de frites, de parisiennes, de cubes ou d'escalopes. Des oignons, des carottes et plusieurs autres légumes, cultivés chez nous ou achetés d'autres producteurs, sont aussi acheminés dans nos installations de Vanier pour être transformés.»Plus récemment, Stephan Dolbec créait également Bovibec, un élevage de 4500 boeufs situé à Sainte-Anne-de-la-Pérade, et en mai de cette année, il se portait acquéreur des trois quarts des actions du tailleur de légumes Couac. Pour lui, «les crises économiques se traversent plus facilement en étant autosuffisant et en contrôlant un maximum de maillons dans la chaîne».Le client d'abordAu chapitre de l'offre, Patates Dolbec s'assure d'offrir à l'année une gamme de produits variés, de qualité et en quantité. Pommes de terre rouges, blanches, jaunes ou Russet, et peut-être même, sous peu, pommes de terre roses à chair jaune, sont proposées aux clients selon différents emballages et formats.«Le défi consiste à se démarquer des autres, reprend le pdg. Pour ce faire, Patates Dolbec s'adapte aux besoins de sa clientèle. Pour les restaurateurs, par exemple, nous pouvons offrir des caisses de 50 livres de pommes de terre qui ont toutes la même taille. En ce qui a trait aux nouveaux produits, nous avons dernièrement mis sur le marché des pommes de terre sous vide destinées à être placées au four et qui sont prêtes à manger après 10 minutes de cuisson.»L'extraordinaire capacité d'entreposer ses produits compte aussi parmi les forces de l'entreprise, une capacité qui s'accroîtra encore, puisque Stephan Dolbec s'apprête à faire construire un nouvel entrepôt à atmosphère contrôlée qui doublera l'inventaire des pommes de terre pouvant être conservées sur place en attendant d'être transformées ou vendues.«À cela s'ajoutent les opérations en recherche et développement qui sont menées en permanence chez nous en vue d'améliorer la production», complète celui qui vient d'être élu président de l'Association québécoise de la distribution des fruits et légumes. «Avec la collaboration de l'Université Laval, des tests sont constamment effectués sur les terres, les variétés de pommes de terre et les engrais. Avec l'aide de ses précieux employés, Patates Dolbec prend donc tous les moyens pour demeurer chef de file dans son domaine et continuer à occuper le premier rang des producteurs de pommes de terre au Québec!»Martin, JohanneSecret de réussite«Pour bien s'en sortir, même en période difficile, il faut aller chercher du volume pour combattre les frais fixes et réduire les pertes, explique Stephan Dolbec. À cet égard, chez Patates Dolbec, on s'est donné pour mandat de tout récupérer. La rotation des terres permet de cultiver l'orge, le blé, l'avoine et le maïs nécessaires à l'alimentation des boeufs de Bovibec, et ces mêmes boeufs, auxquels on sert aussi les surplus d'amidon qui proviennent de la transformation des légumes de Légubec, fournissent le fumier qui est épandu dans les champs.»