Hier, le premier ministre néo-brunswickois Shawn Graham a accueilli son homologue québécois Jean Charest à Fredericton pour signer un protocole d'entente. Il vise à céder pratiquement tous les avoirs de la compagnie d'électricité à son concurrent québécois.L'accord final reste à négocier. S'il est ratifié, il marquera une première au Canada, où une société d'État achètera celle d'une province voisine. Jean Charest a profité de l'annonce pour révéler qu'il a des pourparlers pour faire de même avec l'Île-du-Prince-Édouard. Un premier contact a aussi été effectué avec la Nouvelle-Écosse où le réseau appartient cependant au privé.Dix milliardsComme le rapportait hier Le Soleil, la transaction rapportera 10 milliards $ aux Néo-Brunswickois. Cinq milliards proviendront du gel des tarifs résidentiels pendant cinq ans et de la baisse de 30 % des prix à la grande industrie pour l'amener au niveau de ce qui est payé au Québec. Une somme de 4,7 milliards $ sera versée par Hydro-Québec pour acheter les installations. Shawn Graham veut se servir de l'argent pour liquider d'un coup la dette que traîne Énergie Nouveau-Brunswick.Le politicien a insisté que sa société d'État ne disparaît pas du paysage. Les «mêmes ouvriers» conduiront les «mêmes camions» pour offrir les «mêmes services», se sont fait dire les journalistes.Selon le pdg d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, l'investissement sera rentable dès la première année. Un rendement de 10 % pour un bénéfice d'environ 100 millions$. M. Vandal a refusé de parler d'une dette supplémentaire, faisant valoir plutôt qu'Hydro se tournera vers des emprunts pour financer l'acquisition.Direction États-UnisHydro ne néglige pas l'accès direct aux 330 000 abonnés du Nouveau-Brunswick. Mais c'est l'ouverture des portes vers les Maritimes et surtout celles vers le nord-est des États-Unis qui intéresse Hydro-Québec.Jean Charest a insisté sur la position stratégique du Nouveau-Brunswick. Le véritable enjeu, a-t-il martelé, en anglais et en français, «c'est ce qui se passe au sud d'ici. Les Américains ont besoin d'énergie, d'énergie propre, renouvelable et fiable, de beaucoup d'énergie».Si l'accord final reflète l'entente de principe, la société d'État de cette province aura un nouvel et unique actionnaire, Québec. Hydro deviendra propriétaire des sept barrages hydroélectriques, le 31 mars 2010. Elle héritera de la centrale nucléaire de Pointe Lepreau, le 1er janvier 2011. Cela se fera en autant que les travaux - autour de 2 milliards $ - pour la retaper se terminent tel que prévu et que le rodage pour générer 650 mégawatts soit à point.La ratification de l'entente signifiera pratiquement la mort à court terme de la plupart des centrales thermiques. Déjà, le gouvernement Graham a annoncé que les installations de Dalhousie cesseront de tourner, cet été, lorsque les réserves de mazout importé du Venezuela seront épuisées.Énergie Nouveau-Brunswick conserve la propriété de centrales thermiques dont Hydro pourra exiger la fermeture. Il versera dans ce cas une indemnité à la société soeur. Cela vaut pour Belledune, qui brûle du charbon, et pour Coleson Cove, qui fonctionne avec du gaz naturel, uniquement en période de pointe.Par contrat, Hydro pourra se servir des rejets de gaz à effet de serre éliminés par ces fermetures pour les monnayer à une éventuelle Bourse du carbone.mcorbeil@lesoleil.com
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