«Le Collège des médecins veut qu'il y ait une discussion au Québec parmi les professionnels. Je vais laisser les gens concernés la faire et suivre le dossier de près», a indiqué mercredi Yves Bolduc, en entrevue dans son bureau du chemin Sainte-Foy.
«Comme ministre, je veux rester au-dessus de la mêlée», a-t-il poursuivi en refusant de commenter un cas précis comme celui de Ghislain Leblond, qui témoignait dans Le Soleil, mercredi.
Atteint d'une forme de maladie neurodégénérative comparable à une sclérose latérale, l'homme de 65 ans milite pour le droit de demander de l'aide médicale pour mourir le jour où il deviendra «prisonnier de son corps».
«Il faut faire attention quand on va dans un cas particulier. Ces gens défendent bien leur cause et on tombe dans le côté très émotif», estime le ministre, qui est aussi médecin omnipraticien et diplômé de deuxième cycle en bioéthique, un sujet qui le passionne.
À titre de médecin, Yves Bolduc a d'ailleurs rédigé en 2007 un texte du recueil Mourir dans la dignité? dans lequel il se montrait favorable à l'aide à mourir dans certains cas. «Selon moi, il faudrait laisser la porte entrouverte pour certains cas particuliers qui peuvent justifier de répondre positivement à cette demande», peut-on lire dans l'exemplaire du recueil reçu des mains du ministre. Yves Bolduc poursuivait toutefois en précisant qu'une telle ouverture était impossible sans un amendement au Code criminel. «Il ne faut pas oublier que ça relève du fédéral», a-t-il répété en entrevue mercredi.
Le ministre a aussi rappelé combien tout ce débat était complexe et controversé. «Ce n'est pas vrai que c'est un dossier qui fait consensus dans la société. Il y a des pour, il y a des contre, il faut faire la discussion et toujours travailler pour le bien du patient», dit-il.
M. Bolduc insiste aussi sur la nécessité de bien définir les thèmes entre euthanasie, suicide assisté, soins palliatifs ou encore le refus de traitement. «Au Québec, les médecins peuvent déjà laisser mourir quelqu'un dans la dignité. Maintenant, la différence entre mourir dans la dignité et donner des médicaments pour faire mourir, c'est le Collège qui va l'apporter.»
En mai, un Groupe de travail en éthique clinique mandaté par le Collège des médecins recommandait que l'euthanasie puisse faire partie des soins appropriés en fin de vie. Le conseil d'administration du Collège se prononcera sur cette recommandation lors de sa séance du 16 octobre. La position sera rendue publique et expliquée dans les jours suivants, a expliqué mercredi la porte-
parole du Collège, Leslie Labranche.