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C'est une femme toute menue et encore fragile qui s'est présentée au Salon rouge, mercredi, pour recevoir la médaille d'honneur de l'Assemblée nationale. Des trémolos dans la voix, la Franco-Colombienne a longuement remercié ceux qui s'étaient mobilisés pour sa libération, survenue après plus de six ans passés en captivité, dans la jungle colombienne.
«Vous avez été les premiers. Vous avez été précurseurs dans la défense des otages colombiens. Après vous, il y a eu ce grand mouvement international qui a fait qu'en Colombie, les choses ont bougé. Sans vous, je serais probablement certainement encore là-bas», a-t-elle affirmé, pesant chaque mot.
Lors d'une conférence prononcée ensuite au Château Frontenac, Mme Betancourt a affirmé que la première motion demandant sa libération a d'abord été votée au Québec. La Belgique, la France et l'Europe ont ensuite emboîté le pas. Le 5 juin 2002, soit environ trois mois après son enlèvement, l'Assemblée nationale adoptait à l'unanimité une motion réclamant sa libération. Selon le site Internet www.betancourt.info, les premiers comités de mobilisation réclamant sa libération ont été créés en France, en Belgique et au Québec.
De son côté, le premier ministre Jean Charest a salué le courage et la détermination dont a fait preuve l'ancienne candidate aux élections colombiennes, enlevée en pleine campagne par des guérilleros qui en ont fait un trophée de guerre. «Vous avez triomphé de l'adversité grâce à une force de caractère exceptionnelle. Vous étiez prête à donner votre vie pour l'avenir de votre pays. Le monde a besoin de gens comme vous», a affirmé M. Charest, avant qu'elle ne soit chaudement applaudie.
Otages toujours détenus
Ingrid Betancourt a par ailleurs tenu à rappeler mercredi que plusieurs otages sont toujours aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Refoulant ses larmes à plusieurs reprises - «il faut m'excuser, ça arrive tout le temps», a-t-elle lancé -, l'ex-otage de 47 ans a raconté dans quelles conditions sont détenus ses compagnons, mal nourris, en loques et enchaînés à des arbres, quand ils ne se promènent pas en file indienne, la chaîne au cou, comme des esclaves d'une autre époque.
«Ceux qui sont sortis, on nous appelait les "joyaux de la couronne". Ceux qui restent, ce sont de petits soldats. Ils n'intéressent personne. Mais ils sont aussi importants que vous et moi. Je voudrais vous demander de continuer à vous battre pour eux.»
D'une voix douce, elle a ensuite ajouté : «Je sais que je suis un symbole et de temps en temps, c'est lourd à porter. Mais c'est aussi une bénédiction, si on sait l'utiliser.»