Ville équitable, le rêve de Québec

Rachelle Anctil et Valéry Gaumond, de la boutique Dix mille villages, qui propose de l'artisanat équitable.

Après Québec, ville militaire, et Québec, ville de festivals, voici Québec, ville équitable. L'organisme de coopération internationale Plan Nagua travaille de concert avec l'administration municipale pour décrocher ce titre convoité et ainsi devenir la deuxième - et la plus grosse - ville équitable de la province.


Une résolution appuyant la candidature de Québec devrait être présentée bientôt au comité exécutif de la Ville de Québec. Tout porte à croire qu'elle sera adoptée, puis acheminée au conseil municipal pour approbation en septembre. C'est le service de l'Environnement qui porte le dossier du côté municipal, mais c'est le pionnier du commerce équitable à Québec, Plan Nagua, qui en est l'initiateur.

Cela fait environ deux ans que TransFair Canada, organisme gérant la certification équitable au pays, décerne le titre de «ville équitable». Celui-ci établit des seuils minimaux de disponibilité et témoigne des efforts déployés par une localité pour augmenter la notoriété des produits issus du commerce équitable.



Wolfville, en Nouvelle-Écosse, a été la première municipalité canadienne à être désignée équitable en avril 2007, suivie de près par la petite ville de La Pêche, en Outaouais. Quatre autres villes anglophones ont rejoint le club sélect et une douzaine d'autres ambitionnent de les rattraper. C'est le cas de Québec, dont le nom figure sur la liste des «villes équitables en devenir» sur le site Internet de TransFair.

«On rencontre tous les critères», se réjouit Sophie Michaud, chargée de projet pour le programme d'éducation chez Plan Nagua.

Il ne manque qu'une résolution du conseil municipal, qui doit aussi prêcher par l'exemple et s'engager à ne servir que du café, du thé et du sucre équitables lors de ses réunions et de ses activités. Cette partie de l'entente devrait être facile à remplir puisque les élus municipaux sont déjà rompus au café équitable.

Parmi les six autres critères incontournables, mentionnons également la formation d'un comité de direction afin d'assurer «un engagement continu» et idéalement une croissance de l'intérêt envers le commerce équitable. Les membres seront nommés dès que la Ville, qui doit y déléguer un représentant, aura officialisé sa participation.



Quant aux seuils minimaux de pénétration des denrées équitables dans les commerces et les restaurants de la ville, ils seraient déjà atteints, selon les calculs des artisans de Plan Nagua et de citoyens bénévoles. Pour une ville de la taille de Québec, il faut au moins un magasin de détail vendant minimalement deux produits équitables pour chaque tranche de 10 000 habitants. Pour les restaurants, le ratio est d'un pour 20 000 habitants. «Il y a au moins 50 magasins et 25 restaurants qui offrent deux produits équitables ou plus», confirme Mme Michaud, qui ajoute des noms sur la liste régulièrement.

Pour le reste, il faut également promouvoir l'utilisation des produits équitables dans les milieux de travail et dans les groupes sociaux et organiser des activités thématiques, notamment durant la Quinzaine du commerce équitable qui a lieu au printemps. Ce que Québec fait déjà. Une bonne couverture médiatique doit également être prouvée. Ce qui sera fait, assure Mme Michaud, qui aimerait obtenir la désignation de «ville équitable» cet automne.

Québec coifferait ainsi au poteau deux autres aspirants du Québec, la municipalité de Sainte-Anne-de-Bellevue et le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Les élus de cet arrondissement ont approuvé le projet récemment, mais ils doivent encore faire le décompte des points de vente et s'assurer de l'adhésion de la population.

Loin de se formaliser de cette course à l'équitable, Kristina Thibodeau-Perreault, responsable du programme pour TransFair Canada, s'en réjouit. «C'est une belle course parce que ça part d'un objectif qui est très noble», dit-elle.

Selon la jeune femme, Québec a de bonnes chances d'arriver en premier au fil d'arrivée parce que son dossier est bien monté et que l'administration municipale «est très ouverte et sympathique à la cause».

«Les gens de Québec ont la chance de profiter d'une motivation généralisée car les choses bougent vite à Québec», analyse Mme Thibodeau-Perreault à partir d'Ottawa. Cela dit, elle rappelle qu'une ville équitable doit travailler pour conserver son titre. «Il faut non seulement que les objectifs soient atteints, mais qu'ils soient maintenus», insiste-t-elle.



Valéry Gaumond, coordonnatrice de la boutique Dix mille villages, qui vend notamment de l'artisanat équitable, boulevard René-Lévesque Ouest, croit que les consommateurs ont tout à gagner de la reconnaissance de Québec comme ville équitable «car plusieurs cherchent encore où se vendent les produits» qui correspondent à leurs valeurs.

EN UN MOT: Commerce équitable

Équiterre définit le commerce équitable comme «un système d'échange économique respectueux de l'environnement et des droits des travailleurs».

Les producteurs des pays en développement sont payés à leur juste valeur et leurs communautés reçoivent des sommes qui servent à l'amélioration des infrastructures collectives, comme les écoles ou les centres de santé, par exemple. Cela à condition de souscrire aux grands principes du développement durable.

Plusieurs aliments (café, cacao, bananes, riz, huile d'olive, etc.) sont certifiés équitables, mais on trouve aussi du coton, des ballons de soccer et de l'artisanat sur la liste des produits disponibles au Canada.

Le taux annuel de croissance des ventes se situe toujours dans les deux chiffres.

C'est la ville anglaise de Garnstag qui, la première, a eu l'idée de s'approprier le qualificatif équitable, en 1999. Aujourd'hui, on compte un peu plus de 600 villes équitables dans le monde, dont 435 au Royaume-Uni.