Camps de jour: moniteurs recherchés

L'animatrice Marie-Pierre Gauthier (deuxième à partir de la gauche) et la monitrice Marlène Malouin, déguisée en Picatchou, sont entourées de leurs collègues et des enfants du camp de jour au Patro Roc-Amadour.

Chaque matin pendant l'été, des parents remettent leur progéniture entre les mains de joyeux lurons dans un camp de jour. Et ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Mais la main-d'oeuvre, elle, suit la tendance inverse. À l'image de bien d'autres emplois, celui de moniteur connaît une véritable pénurie, ce qui met les camps de jour sur la corde raide.


«Avant, pour embaucher, on misait sur le fait que les jeunes préféraient travailler à l'extérieur. C'était suffisant. Mais là, ce n'est plus le cas», lance Pierre Vigeant, directeur général de la Fédération québécoise des centres communautaires de loisir (FQCCL), à l'occasion de la Semaine de valorisation de l'animation estivale.

Par conséquent, si, dans les belles années, les camps de jour pouvaient choisir entre deux candidats pour pourvoir un poste, ils sont maintenant contraints d'accepter chaque jeune qui postule. Les cohortes rajeunissent aussi et il n'est plus rare de compter dans leurs rangs des animateurs qui n'ont pas encore leur majorité.



Au Patro Roc-Amadour, qui accueille 530 jeunes cet été - une hausse de 40 par rapport à l'année dernière -, on compte sept moniteurs âgés de moins de 18 ans sur un total de 22. Et la plupart sont des nouveaux, car seulement sept moniteurs employés l'année dernière sont revenus au boulot cette année.

Dans ces conditions, pas de doute que la formation est devenue un enjeu crucial. «Avant, ça allait bien. Mais on doit maintenant faire davantage de formation. On organise des activités comme des précamps, parce qu'il faut les équiper [les nouveaux], on n'a pas le choix», explique Marie-Pierre Gauthier, 21 ans, animatrice au Patro.

Selon la FQCCL, plus de 25 000 moniteurs travaillent chaque été au Québec et le taux de rétention du personnel d'une année à l'autre n'atteint pas 50 %.

Parmi les coupables, la Fédération identifie avant tout la faible rémunération et la concurrence féroce que se livrent les différents secteurs d'activité pour l'embauche des étudiants pendant l'été.



«Les conditions salariales sont moins bonnes qu'ailleurs, reconnaît M. Vigeant. Ça tourne autour du salaire minium. Et ça s'explique : pour inscrire son enfant dans un camp de jour, ça coûte 80 $ pour l'été. La Ville donne aussi une aide financière, mais ça donne des budgets très restreints qui ne sont pas toujours indexés.»

Rapport au travail différent

«Et il y a le rapport au travail qui est différent chez les jeunes d'aujourd'hui, ajoute-t-il. Ils y sont moins attachés. La réalisation personnelle ne passe plus par le travail. Alors, le défi pour nous sera de maintenir le sens des responsabilités chez les

moniteurs.»

Au Patro Roc-Amadour, même si l'on ne se plaint pas de son maigre revenu, on reconnaît que l'appât du gain n'est pas une motivation dans un camp de jour.

«Le plus important, c'est : veux-tu tripper avec les enfants? explique Marie-Pierre Gauthier. C'est la première question qu'on pose en entrevue. Et quand tu travailles, tu ne comptes pas les heures. Tu rentres à la maison quand c'est terminé, pas avant.»