Projet Rencontre des nations: sur la piste des anciens

Le groupe est parti du lac Métabetchuan et a suivi un parcours anciennement connu sous le nom de sentier des Jésuites.

Quoi de mieux pour tisser des liens que de passer ensemble 15 jours en forêt à braver la fatigue, la pluie, le vent, et les milliards de mouches noires qui veulent nous dévorer? Les 10 participants au projet Rencontre des nations, une expédition en canot de 166 kilomètres qui a pour but de rapprocher des jeunes autochtones et non-autochtones, ont complété avec succès hier leur périple.


Le projet qui s'adresse à des jeunes de 14 à 20 ans en était à sa deuxième présentation. Cette année, six autochtones des communautés de Mashteuiatsh et d'Opitciwan ont pris part à l'expédition, contre quatre jeunes filles non autochtones de la Maison des jeunes de Jonquière. Les jeunes sélectionnés sont ceux et celles qui sont susceptibles d'en retirer une expérience significative, indique Nancy Bolduc, directrice du parc national de la Jacques-Cartier et partenaire du projet Rencontre des nations.

Partis du lac Métabetchuan, les jeunes, soutenus par cinq guides accompagnateurs, ont traversé la réserve faunique des Laurentides jusqu'à leur point d'arrivée, le parc national de la Jacques-Cartier, 15 jours plus tard. Un parcours anciennement connu sous le nom de sentier des Jésuites, une voie de circulation traditionnelle autochtone pour se rendre à Québec, haut-lieu d'échange.



«Le groupe a fait le parcours en canot, mais également en portage et en randonnée pédestre pour certains tronçons où il y a des chutes. Un matin, les jeunes ont fait 5 km de cordelle. C'est-à-dire qu'ils tiraient le canot dans l'eau jusqu'aux genoux. Un bon défi», poursuit Mme Bolduc.

Préparer la banique

Tout au long de l'expédition, les jeunes ont suivi des ateliers pour apprendre à mieux connaître la culture et l'histoire de l'autre, à faire de la banique, un pain amérindien, à réparer une tente ou à utiliser une carte et une boussole.

Warren Robertson Roy, un jeune autochtone de Mashteuiatsh, est revenu enchanté, mais un peu éreinté de son périple.«Ce fut le fun, mais difficile par moments. On a fait deux jours de randonnée, et les muscles s'étiraient. Et pis on a connu de nouvelles personnes, et les paysages étaient très beaux.»



De leur côté, Joanie Bouchard et Andréanne Harvey, toutes deux âgées de 16 ans, débordaient d'énergie quelques minutes après avoir accosté. «Ce fut vraiment une belle expérience, même si j'ai eu de petits downs», dit Joanie. «On a appris à connaître du nouveau monde, enchaîne Andréane. Au début, les autochtones étaient un peu gênés, mais on les a dégênés. J'aimerais refaire ce parcours, mais en hiver!»

«L'an passé on a eu quatre abandons sur neuf, mais aucun cette année. Je suis  contente parce qu'ils n'ont pas lâché, continue Mme Bolduc. On veut leur apprendre à être fiers et à avoir confiance en eux. Le défi est physique et psychologique, car les jeunes n'ont plus de repères, plus d'iPod, plus d'ordi, plus même de contact avec leur famille. Mais par-dessus tout, ils doivent passer 24 heures par jour avec des gens qu'ils n'ont pas choisis.»

Le guide accompagnateur Simon Carrier semblait également bien fier que tous les participants aient tenu le coup cette année. «Ce fut une très belle aventure pour eux malgré la mauvaise température. Ils ont persévéré et ça les a rendus plus forts, même s'ils commençaient à avoir hâte d'être au sec!»

«On habite le même territoire, mais il y a très peu de relations entre autochtones et non-autochtones. Les gens ne se connaissent pas. Il y a encore beaucoup de méfiance. Cette activité est l'occasion de forcer un rapprochement», conclut Mme Bolduc.