La manifestation, qui a débuté à la place de l'Université du Québec et s'est poursuivie dans les rues du quartier Saint-Roch, s'est déroulée sans heurts et sous escorte policière. La députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, et le conseiller municipal des Faubourgs, Pierre Maheux, y étaient.
Les organisateurs auraient aimé attirer autant de personnes que l'an dernier, alors qu'environ 200 personnes avaient marché de l'Assemblée nationale à l'hôtel de ville. Mais le soleil n'était pas au rendez-vous, ce qui en a découragé plusieurs, soutiennent-ils.
Cette année, la communauté homosexuelle de Québec a voulu afficher sa solidarité avec les gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels du monde entier qui sont victimes d'homophobie. Le thème de la manifestation était L'homosexualité n'a pas de frontières.
Pour l'illustrer, les manifestants scandaient plusieurs slogans, dont «Avec Diego je me suis mariée/Mais toujours Maria j'aimerai», «Faut pas écouter Benoît XVI/Et toujours jouer safe quand on baise» et «À Québec, on nous escorte/Alors qu'à Moscou, c'est la porte».
Ce dernier slogan était particulièrement d'actualité, hier, alors que la police dispersait violemment des personnes qui participaient à un défilé de la fierté gaie dans la capitale russe. Un contraste frappant avec le pacifisme du rassemblement d'hier à Québec pour les droits des homosexuels.
«À Moscou, quand les gens manifestent, c'est interdit et réprimé dans la violence», remarque Olivier Poulin, coordonnateur de l'organisme GLBT Québec/Lutte à l'homophobie. «Ici, on remplit le formulaire pour faire une marche, et la police nous dit oui et nous escorte. Tant mieux si on peut donner l'exemple.»
En Russie, l'homosexualité a été considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999. L'homophobie y est encore fortement répandue. Illégale chez nous, la discrimination basée sur l'orientation sexuelle existe toujours dans plusieurs pays du monde. En Afrique, notamment, l'homosexualité est interdite dans 40 pays, et le sort réservé aux homosexuels est souvent la mort.
Tabou chez les immigrants
Les organisateurs de la manifestation voulaient également lancer un message d'ouverture aux immigrants et aux Première Nations, pour qui la diversité sexuelle demeure un sujet tabou, estiment-ils.
Présent au rassemblement, hier, Frédérick Gagné, un étudiant au doctorat en sociologie de l'Université Laval, a mené de longues entrevues à Montréal avec 17 immigrants de première et de deuxième génération homosexuels pour voir comment ils vivaient leur orientation sexuelle au travail et au quotidien.
Il y a vu des signes plutôt encourageants : sur les 17, seulement quatre n'étaient pas sortis du placard devant leurs parents. Les gens qui étaient venus ici en tant que réfugiés politiques pour vivre leur orientation sexuelle la dévoilaient plus facilement, tandis que les enfants d'immigrants étaient plus réticents, puisqu'ils étaient très liés à leur communauté ethnique.
Ces derniers ont toutefois une perception plus positive de l'homosexualité que leurs parents, révélait vendredi un sondage mené au Québec par Léger Marketing pour la Fondation Émergence.
Journée reconnue par la Ville
Les organisateurs de la manifestation pour les droits des homosexuels qui s'est déroulée hier dans la capitale ont obtenu une reconnaissance officielle de la Ville de Québec au début du mois. Le 4 mai, le conseil municipal a en effet adopté une résolution proclamant que le 17 mai est la Journée internationale contre l'homophobie. Une vingtaine d'organismes communautaires réclamaient cette proclamation depuis mars l'an passé.