Au cours de l'année 2008, le Gouvernail, situé dans le secteur Beauport, a dû rapporter 422 épisodes de fugue à la police de Québec. Le Gouvernail - que certains policiers de Québec surnomment la Passoire - peut accueillir environ 110 garçons, dont une minorité, en plus de certaines filles, vivent en milieu fermé en raison notamment de leur implication passée dans des activités criminelles. Les autres vivent dans un milieu ouvert, comme le stipule la loi qui encadre les centres jeunesse, à moins qu'un jeune ne mette sa vie en danger.
Dans ce contexte où les adolescents ne peuvent être enfermés ou isolés, il leur est plus facile de prendre la fuite. En ce qui a trait à l'Escale, 415 appels de fugues ont été reçus au Service de police de Québec en 2008. L'Escale - qui a pignon sur rue dans le secteur Cap-Rouge - peut recevoir 68 filles.
Le directeur des services de réadaptation du CJQ-IU, Louis McClish, reconnaît l'existence de ce phénomène de fugues. Il sépare ces fugueurs en trois groupes : ceux qui agissent sur un coup de tête, ceux qui passent à l'action afin d'en suivre un autre et les cas chroniques.
Selon M. McClish, une vague de fugues particulièrement intense a frappé le Gouvernail et l'Escale l'été dernier.
M. McClish avance que plusieurs membres réguliers du personnel étaient en vacances durant cette vague. Les employés remplaçants ont donc eu plus de difficultés à contrôler les humeurs des adolescents.
«En vue de l'été prochain, nous allons réorganiser les vacances pour avoir le maximum de personnel permanent en place. À la suite de cette vague, nous avons eu des rencontres avec le personnel afin d'améliorer nos façons de faire.»
Certains policiers de Québec - qui ont demandé l'anonymat - interrogés par Le Soleil reconnaissent que le nombre d'appels pour ces fugues a en effet diminué depuis un certain temps. D'autres estiment que le Gouvernail et l'Escale ont encore beaucoup de chemin à faire afin de mieux prévenir le phénomène.
Regard vers l'avenir
M. McClish précise que la majorité des fugues durent à peine une ou deux journées, alors que d'autres peuvent être plus longues.
«Parfois, on appelle la police à 21h car le jeune est en retard sur son heure de retour, et à 21h10, il est revenu au centre après avoir passé un peu plus de temps avec sa copine, indique-t-il. Et il ne faut pas oublier que certains fuguent alors qu'ils sont en visite dans leur famille. Comme le signalement part de nos bureaux, la fugue nous appartient, mais dans les faits, le jeune s'est sauvé de la maison de ses parents.»
M. McClish avance qu'il doit regarder vers l'avenir avec un fugueur chronique.
«J'ai des jeunes qui n'ont plus de père et de mère. Ils sont seuls, indique-t-il. Si nous sommes toujours en train de les réprimander à la suite d'une fugue, ils pourraient tout simplement s'en aller et nous ne les reverrons jamais. Nous aimons mieux travailler le plus possible avec eux afin de les préparer à leur vie adulte.»
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