«Ça peut les inspirer, lance-t-il. Il faut comprendre que le Viêtnam est un pays complexe. D'une part, les Vietnamiens sont fiers. Fiers d'avoir repoussé les envahisseurs chinois, français et américains. Mais ils se sentent aussi colonisés; ils ont un complexe d'infériorité vis-à-vis le reste du monde.» Et il en va de même pour la jeunesse, poursuit-il, qui a des compétences, mais pas la confiance. Voilà pourquoi il souhaite donner l'exemple en participant au développement économique et social du Viêtnam.
Sur le plan économique, il a cofondé l'été dernier avec son frère Lan la compagnie Diem Noi. «Point de connexion», en vietnamien. En partenariat notamment avec la compagnie fidéenne de Quan, Norbati Consultants, et la firme d'architectes ABCP, aussi de Québec, les frères Tran et leur soixantaine d'employés conçoivent des projets immobiliers au Viêtnam et en Chine. Premier projet en lice : un complexe de résidences pour personnes âgées de 1000 unités à Hô Chi Minh-Ville. Dans la ville de huit millions d'habitants, capitale économique d'un pays en plein essor économique, il y a des besoins, justifie Tran.
En parallèle, un projet de formation de main-d'oeuvre vietnamienne dans le secteur de la santé est en branle. Le but? Former des infirmières, des préposés aux bénéficiaires, des cuisiniers, et exporter cette main-d'oeuvre au Québec et ailleurs, là où il y a pénurie.
Mais au-delà des affaires, le développement social prend beaucoup de place dans le discours de Tran Trieu Quan. Et dans son agenda. Le président de la Fédération internationale de taekwondo mise d'ailleurs beaucoup sur son sport de prédilection pour son engagement communautaire. Car en fait, cet art martial pratiqué par 200 000 Vietnamiens est beaucoup plus qu'un sport, selon lui, «c'est une philosophie de vie». «Au début des années 70, explique-t-il, le taekwondo avait 1,2 million d'adeptes au pays parce que l'armée le pratiquait. Mais ce n'était qu'un art martial. Littéralement. Maintenant, c'est plus que ça. On peut gérer sa vie avec les valeurs du taekwondo.»
Tran participera sous peu à une série télé de 32 épisodes consacrée à cet art martial. Une façon, explique celui qui rédige présentement un ouvrage sur le sujet, de raviver les valeurs traditionnelles du Viêtnam. «L'Asie tend à échapper ses propres valeurs dans ses contacts avec l'Occident. Mon but est de ramener l'équilibre avec les enseignements de Confucius.»