Québec compte une communauté roumaine d'environ 800 personnes. De confession orthodoxe, celle-ci a depuis 2001 sa propre église et partage un lieu de culte avec les catholiques de la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. Ainsi, le 25 décembre, les icônes sacrées sont venues orner le choeur de l'église de la rue Caron.
Prêtres mariés
Bien qu'il y ait des similitudes entre le culte orthodoxe et le culte catholique, certaines distinctions sont notables, entre autres le statut du prêtre. Le prêtre orthodoxe n'est pas tenu au célibat. En fait, il doit être marié pour être ordonné. «Comme le prêtre est très proche des fidèles, nous considérons que, s'il est marié et qu'il a des enfants, il est plus à même de veiller au bien-être de la communauté», explique Dana Pescarus, qui a gracieusement joué à l'interprète pour le représentant du Soleil pendant la messe.
Cette proximité se voit bien pendant la célébration de Noël, alors que l'autel est placé juste à l'avant de la nef. Pendant la première partie de la messe, consacrée aux prières pour les morts et les vivants, les fidèles vont tour à tour porter au prêtre Daniel Postolache une liste de noms pour lesquels prier. Des cierges sont allumés pour chaque personne à qui sont destinées les prières. Un peu plus tard pendant la célébration, le prêtre circule parmi les fidèles et les bénit en touchant leur tête avec le calice. Ces nombreux déplacements des fidèles vers l'autel et du prêtre parmi l'assemblée contrastent fortement avec la célébration catholique.
Messe chantée
Tout au long de l'office, les chants liturgiques orthodoxes sont omniprésents. La messe est d'ailleurs entièrement chantée par le prêtre.
Les enfants ont droit eux aussi à une communion pendant la messe orthodoxe. Il s'agit de l'impartachit. «Les enfants sont considérés comme purs et ont droit dès la naissance à cette communion, explique Sorin Pescarus, le père de Dana. Recevoir le corps et le sang du Christ est un symbole très fort de leur appartenance à la communauté.»
Ainsi, les parents présentent leurs petits au prêtre, qui leur donne un morceau de pain béni et une petite goutte de vin consacré.
La messe de Noël de la communauté roumaine a pris fin avec des chants traditionnels. Une famille originaire de la Transylvanie a entonné des colinde, les cantiques de Noël roumains, au grand plaisir de l'assistance.
«C'est une tradition en Roumanie d'aller chanter des colinde de maison en maison à Noël. Les groupes se promènent ainsi et on leur donne à manger et à boire pour les remercier», explique Dana Pescarus.
Après les chants, les petits Roumains ont eu droit à de la grande visite alors que le père Noël est arrivé avec un sac rempli de cadeaux. Et on peut dire sans crainte de se tromper que le vieil homme à la barbe blanche a autant de succès avec les petits Roumains qu'avec les petits Québécois.
Repas traditionnel
Les cadeaux déballés, la communauté a partagé un repas où les mets traditionnels roumains étaient évidemment à l'honneur. Au menu, des sarmale, cigares au chou à base de porc, de la salade de boeuf, des potages et, comme dessert, de la cozonac, sorte de brioche, le tout arrosé de vin et d'eau-de-vie.
«De tels rassemblements sont très importants pour nous, souligne Sorin Pescarus. Ils nous permettent de rencontrer les nouveaux arrivants, de prendre des nouvelles des autres familles. La présence d'une église roumaine orthodoxe à Québec est une façon pour nous de conserver notre langue, notre culture et, évidemment, notre religion.»
Ce plaisir de se retrouver entre compatriotes était palpable en ce matin de Noël dans l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, nul besoin d'un interprète pour le ressentir.