Famille d'accueil: «Quand ils partent, c'est l'enfer»

Elle aimait les enfants, elle n'en avait pas. Peut-être que famille d'accueil...


Après plus de 25 ans, Monique* ne regrette pas du tout son choix. «J'adore ça. On se sent valorisé. On prend les enfants là, et on les amène là, et on voit qu'ils ont progressé énormément.»

Comme cette petite qui «braillait tellement», mouillait son lit et devait dormir avec les lumières allumées tant elle était effrayée. Tranquillement, elle s'est apaisée, est devenue plus confiante, a gagné de l'autonomie, raconte sa mère d'accueil.

Ou cette autre, handicapée, qui, à 10 ans, ne savait pas manger avec des ustensiles ou se laver seule. «Il a fallu tout lui

apprendre.»

Assise dans la cuisine de sa petite maison de banlieue, Monique évoque le souvenir de ceux qui ont été un peu comme ses propres enfants pendant un temps. Femme vive et au franc-parler, Monique ne cultive pas l'équivoque. Avec ses jeunes, la communication est directe. Quand une ado s'accroche trop longtemps à l'ordinateur, elle a intérêt à se trouver une activité plus... active.

Masochiste, Monique? Alors que certaines familles accueillent de nombreux enfants pour de courtes périodes, elle n'en a hébergé que quelques-uns, mais presque toujours pour de longues années. Assez longtemps pour créer un lien très fort. «Quand ils partent, c'est l'enfer. Ça prend trois, quatre mois à t'en remettre. Ma grande Julie*, ça m'a pris au moins un an.»

Aujourd'hui, certains ont la vingtaine ou même la trentaine et l'appellent pour lui donner des nouvelles.

L'amour comme moteur

Rien ne sert de devenir famille d'accueil sans l'amour des enfants avec un grand A. Il faut également avoir le sentiment de pouvoir changer quelque chose dans leur vie, ne serait-ce qu'en leur permettant de vivre leur vie d'enfant. Il y a des enfants lour­dement handicapés, souvent abandonnés par leurs parents. D'autres négligés, en mal d'amour. Des adolescents révoltés, blessés, qui ne savent comment exprimer leur souffrance.

«J'en connais pas qui sont juste beaux, fins, puis gentils. Ils ont tous des pro­blèmes!» s'exclame Monique.

Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient des «monstres». De toute sa «carrière», elle n'a mis fin prématurément à un placement qu'une seule fois. «Ça m'a fait de la peine, mais cette p'tite-là, elle me brûlait. C'est important de faire attention et de res­pecter nos limites. Beaucoup de familles d'accueil ne le font pas.»

* prénoms modifiés