Couples précaires, la norme

Au Québec, 50 % des couples mariés divorcent. La tendance se maintient depuis 1987. La différence, c'est que les divorces surviennent plus tôt, après trois ou quatre ans de mariage. Ce phénomène fait que de plus en plus de jeunes cherchent à refaire leur vie. Ajoutons à cela l'augmentation des unions libres, dans lesquelles les séparations sont encore plus nombreuses que chez les gens mariés. Le nombre de personnes à la recherche de l'âme soeur est donc en pleine expansion. 


«Nous sommes dans un mouvement de précarité des couples. Il y a beaucoup de séparations, beaucoup de recompositions familiales, avec des beaux-parents qui interviennent dans l'éducation des enfants. Comment réagiront les enfants d'aujourd'hui lorsqu'ils deviendront adultes à leur tour? Ceux qui ont vécu les ruptures voudront-ils plus de stabilité? Accepteront-ils de se donner des normes plus contraignantes que leurs parents? Quel sera l'impact de l'ébullition familiale actuelle sur les enfants?», se demande la démographe Évelyne Lapierre-Adamcyk.

«À l'université, j'entends de plus en plus d'étudiants affirmer qu'il n'est pas question pour eux de passer d'un conjoint à l'autre. Rien ne prouve que leurs belles idées sur la stabilité tiendront la route, si la vie de couple devient difficile. Pour l'instant, le retour à la stabilité des couples n'est qu'une hypothèse», dit Mme Lapierre.

En fonction du bonheur

Ce mouvement est le même, partout en Occident : la recherche de l'épanouissement personnel. « Les règles de vie sont jugées en fonction du bonheur qu'elles apportent, poursuit Mme Lapierre. Est-ce que ma vie avec ce partenaire contribue à mon épanouissement? Si la réponse est non, je le quitte. Cette mentalité s'est implantée partout en Occident. Et ni les parents ni la pression sociale ne font contrepoids.  La présence des enfants dans le couple ne pèse plus autant dans la balance. On se dit que la chicane est pire que l'impact de la séparation. Le sacrifice n'est plus à la mode.»

L'arrivée de la pilule contraceptive, la libéralisation des lois sur le divorce, une plus grande liberté sexuelle, la cohabitation avant le mariage, la montée du féminisme sont autant de phénomènes qui expliquent l'augmentation des divorces en Occident.

Le taux de 50 % au Québec fluctue peu depuis 1987 et ressemble à celui d'autres pays européens, mais il est nettement supérieur aux 38 % qu'affiche le reste du Canada. Côté union libre, c'est au Québec qu'on en retrouve le plus au monde.

Ceci s'expliquerait par le rejet de la religion au Québec.

L'Église catholique s'est moins adaptée que les églises protestantes aux nouvelles réalités conjugales. Ces dernières ont permis le divorce, la contraception, l'union libre. L'Église catholique n'ayant pas assoupli ses règles, beaucoup de Québécois ont rejeté leur religion et le mariage.